Réserves sur les Objectifs du Millénaire
de Développement (OMD)

L'exception chrétienne

Les Objectifs du Millénaire de Développement de l'ONU sont une liste de 9 verbes[1], ce qui en fait manifestement un plan d'action :

De tels objectifs paraissent louables, et il se trouvera peu de gens qui s'opposeront ouvertement à l'éradication de la pauvreté, par exemple.
Mais cette liste d'objectifs est en général tout ce qui est donné comme argument par ceux qui soutiennent les OMD.

Les Chrétiens devraient-ils alors aussi soutenir les OMD de l'ONU ? La réponse chrétienne est forcément nuancée parce que le soutien, même indirect, à l'ONU, est sujet à caution :
La critique et les réserves chrétiennes se trouvent en réalité dans ce qu'il y a autour de chacun de ces 9 verbes :

C'est le troisième point qui détermine les deux premiers. Car la théologie et la vision du monde de l'ONU sont radicalement opposées à la théologie et à la vision du monde chrétiennes. Cela détermine le "qui" : les réponses du Christianisme sont radicalement différentes de celles de l'ONU, par exemple, si la Bible indique bien la nécessité du soin des pauvres, elle prévoit explicitement ce ministère pour les familles et les Églises, et certainement pas pour les États. Cela détermine les moyens, car l'éthique de l'ONU est radicalement opposée à l'éthique chrétienne, et son diagnostic est radicalement différent aussi ; l'exemple le plus flagrant est le diagnostic malthusien fait par l'ONU (plus de population amènerait plus de misère) qui l'amène à des politiques criminelles de promotion de l'avortement. Le diagnostic est stupide et le "remède" est intolérable. Cette opposition de l'ONU à la vision du monde et à l'éthique chrétiennes la conduit a un programme d'action très différent de celui que les Chrétiens promeuvent. Et les aspects les plus évidemment nuisibles du programme de l'ONU apparaissent à l'oeil nu lorsqu'on regarde le détail de ce qu'elle a préparé pour réaliser les OMD : dans les "cibles", les "indicateurs de progrès", et dans les documents, nombreux et épais, qui préconisent des moyens et des méthodes pour atteindre ces objectifs. Lorsqu'on prend la peine de lire cette littérature, il devient évident que "le diable est dans les détails".

Les 8 objectifs apparaissent alors pour ce qu'ils sont : une récupération et un détournement de la phraséologie chrétienne, dans le but d'obtenir un soutien le plus large possible pour mener une politique anti-chrétienne. Cela relève du marketing, de la propagande, de la subversion.

Les développements qui suivent reprennent avec plus de détails chacun de ces points.

Deux visions du monde opposées

Quelle est la vision du monde de l'ONU : pourquoi prétend-elle poursuivre les OMD (Objectifs du Millénaire de Développement) ?

Dans son rapport intitulé "Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous"[2], le secrétaire général de l'ONU, Kofi Anan, confirme la foi humaniste qui guide l'ONU ainsi que chacune des présuppositions de cette foi erronée, comme l'analyse de Rushdoony[3] de 1965 les avait déjà perçues :

Concernant le détail de l'argumentation, l'article de Rushdoony est complet et il est utile de s'y reporter directement. Nous l'avons traduit en Français à cet effet.

Des moyens et des méthodes condamnables

Les conséquences pratiques les plus évidentes qui découlent de cette vision du monde erronée et anti-chrétienne sont maintenant connues publiquement :

Il est utile de préciser quelques-uns de ces points.

L'idolâtrie étatiste

En 1989 le mur de Berlin a été abattu, manifestant la défaite du marxisme à tous les points de vue. L'étatisme n'est pourtant pas mort avec le communisme russe. Il est l'expression de l'humanisme séculaire, l'État étant une institution humaine qui se prend pour Dieu. La Bible définit clairement les attributions de l'État : il s'agit d'une agence chargée d'exécuter la justice (pénale, civile). Les États modernes le font très mal. Ils ont redéfini les lois à leur guise, et ils empiètent sur les attributions des autres gouvernements que sont la famille, l'Église, l'école, l'entreprise, etc.
La Bible limite les pouvoirs du prince, car elle connaît quelle est la dépravation de l'homme et le mauvais usage qu'il ne manque jamais de faire de la force.

Aujourd'hui, tel l'éléphant dans un magasin de porcelaine, l'État se mêle de tout : de charité, de philosophie, d'économie, d'éducation, d'histoire, d'affaires étrangères, etc. Malgré son pouvoir croissant, il est de plus en plus impuissant, car n'étant pas véritablement un dieu, il est criblé de dettes, pille la population et sera incapable de tenir ses incessantes promesses mirobolantes (qu'il ne devrait pas faire en premier lieu). Un exemple parmi d'autres : les années qui viennent vont manifester la grande faillite du système de retraites étatisé.

D'une manière générale et constante, l'étatisme provoque des crises catastrophiques :

Il est frappant de constater que les OMD préconisent un interventionnisme d'État encore renforcé. Les résultats sont prévisibles : l'aggravation des problèmes qu'ils sont censés résoudre, la création de nouveaux problèmes qui seront le prétexte à de nouvelles interventions.

L'eugénisme malthusien

L'ONU est un consortium d'États, qui défend donc les intérêts des États et non ceux les peuples, et qui ne propose que des solutions dans lesquelles les États vont encore renforcer leur pouvoir sur les populations.

Depuis que l'eugénisme, enfant légitime du darwinisme, a montré les horreurs dont il est capable sous le régime national-socialiste, ses promoteurs ont changé de vocabulaire... mais pas d'objectif : ils parlent de surpopulation [des races inférieures], de limitation des ressources [pour mieux se les accaparer], du respect de l'environnement [pour en chasser les populations sales]. Les pays occidentaux baignent dans l'eugénisme depuis le début du XXème siècle et continuent à le pratiquer sous des formes sans cesse renouvelées : la stérilisation des "inadaptés", l'avortement des "indésirables", l'exploitation des femmes et des enfants, etc.

L'ONU a été construite par des adeptes de l'eugénisme et est un outil privilégié pour l'imposer au Tiers-Monde. Les agences de l'ONU y coopèrent : le FNUAP soutient l'avortement forcé en Chine communiste, l'OMS teste des "vaccins" abortifs sur des populations à leur insu, l'UNICEF promeut la promiscuité sexuelle et la mentalité abortive, le HCR distribue des kits abortifs aux réfugiés, le BIT promotionne l'avortement en favorisant le "planning familial" dans les entreprises, etc.

Les OMD reflètent bien évidemment cette politique criminelle constante, mais cela n'apparaît que lorsque l'on examine les détails de ces OMD. Il y a en effet plusieurs couches de documents. Au premier niveau on trouve les informations destinées au grand-public, aux journalistes et aux politiques, c'est une publicité politiquement correcte, sans aspérité et mais aussi sans grande précision. Dans cette catégorie rentrent les discours de Kofi Anan, et les nombreux documents comme le rapport "Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous", déjà cité (v. note 2).

Au second niveau, on trouve le rapport "Projet du millénaire"[4] édité en janvier 2005 et les documents qui résument l'ensemble des "sous-projets" que l'ONU a lancés sur des thèmes plus spécifiques.

Et au troisième niveau, il y a ces rapports des projets (task forces) par thème. Celui sur lequel nous nous attarderons est celui du "projet sur l'égalité des sexes et la promotion des femmes" dont nous n'avons pas trouvé de version française complète.

En ce qui concerne le premier niveau, Kofi Anan insiste aussi dans son rapport sur la vison onusienne des OMD telle qu'elle est développée et promue par le PNUD dans le "Projet du Millénaire" :

«Le Projet objectifs du Millénaire a été lancé par le Secrétaire général de l'ONU; il est soutenu par le Programme des Nations Unies pour le développement au nom du Groupe des Nations Unies pour le développement.»

La phrase suivante tente d'affirmer le contraire : "Le présent rapport est une publication indépendante. Elle ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies, du Programme des Nations Unies pour le développement ou des États Membres." Mais le fait est que ce programme est déjà utilisé sur le terrain.
Kofi Anan considère en réalité ce rapport comme le plan d'action à suivre pratiquement :

«Grâce au Projet objectifs du Millénaire, dont le rapport « Investir dans le développement : Plan pratique pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement»[5] m'a été remis en janvier 2005, nous disposons d’un plan d’action en vue de leur réalisation.»[6]

Kofi Anan évite ensuite avec soin d'aborder dans son discours la question de la politique onusienne de contrôle des populations, par le moyen de la promotion d'un programme malthusien d'avortements, de stérilisations et de contraception, qui est pourtant décliné très clairement dans le rapport du "Projet du Millénaire". Son premier objectif est en septembre 2005 d'obtenir des financements supplémentaires pour l'ONU, il ne faut donc pas effaroucher les payeurs.

Les documents du second niveau sont déjà plus compromettants : dans les pages 100 à 103 du "plan pratique" se trouve un encadré intitulé "Santé en matière de sexualité et de procréation – un élément essentiel pour réaliser les Objectifs ". Au milieu d'un langage politiquement correct rempli de bon sentiments, ou trouve la volonté de promouvoir l'avortement, la contraception et la révolution sexuelle :

On y dénonce des «taux de fécondité non planifiée ou inopportune» élevés, on y parle de «besoins non couverts en matière de planification de la famille», de «femmes qui risquent de tomber [sic] enceintes». On y promeut «la possibilité d’accéder aux contraceptifs modernes», l'«accès à l’avortement sans danger», la nécessité d'«information et [de] services à l’intention des personnes mal desservies» (comprendre : donner des pilules aux adolescents). Le malthusianisme est prêché : «la réduction volontaire du nombre des naissance peut accélérer le développement socio-économique», l'eugénisme aussi : «prévenir les grossesses non désirées et à risque», la mentalité contraceptive : «améliorations importantes pour ce qui est ... de l’acceptation des moyens contraceptifs».

La page 106 cite la source de cette idéologie "l’Équipe du Projet sur l’éducation et l’égalité des sexes du Projet Objectifs du Millénaire" qui "a recensé sept priorités stratégiques". Cela nous renvoie à un document du troisième niveau, plus ciblé sur la question dont la version complète de 280 pages est en Anglais intitulée "UN Millennium Project 2005. Taking Action: Achieving Gender Equality and Empowering Women. Task Force on Education and Gender Equality"[7] et dont un résumé de deux pages existe en Français[8]. Cette "équipe de projet" est en réalité constituée de personnalités ouvertement malthusiennes ou féministes radicales[9]. C'est pourquoi l'objectif de favoriser l'instruction des filles les intéresse : elles décrivent en page 38 et 39 comment l'instruction a un impact négatif sur la fertilité ! La "priorité stratégique" n° 2 est énoncée ainsi dans le petit résumé Français (les soulignés sont de nous) :

"Garantir la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation au profit des femmes et des filles par, au minimum, la mise en place de systèmes de santé publique assurant des soins de planification familiale de qualité, des soins obstétricaux d'urgence, des IVG dans de bonnes conditions de sécurité (là où l'IVG est légale) des soins post-abortifs et des moyens de prévention et de traitement des maladies sexuellement transmissibles (comme le VIH). En dehors du secteur de la santé publique, l'éducation sexuelle contribuerait à une sensibilisation aux problèmes de santé de la sexualité et de la procréation et aiderait à faire prendre conscience des droits correspondants."

Cette version française officielle est en fait une reprise édulcorée de la version complète anglaise (v. page 7), qui est bien plus musclée et virulente et dont voici une traduction exacte (les soulignés sont de nous) :

« Des interventions pour améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs doivent donc être une priorité et devraient être faites aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du système de santé. Au minimum, les systèmes nationaux publics de santé doivent fournir des services de planning familial de qualité, des soins obstétriques d'urgence, des avortements sûrs (là où c'est légal), des soins post-avortement, de la prévention et des traitements des maladies sexuellement transmissibles (y compris du VIH), et des interventions pour réduire la malnutrition et l'anémie. En dehors du système de santé des programmes d'éducation sexuelle sont nécessaires pour poser fonder des résultats en matière d'amélioration de la santé sexuelle et reproductive. Finalement, ces interventions doivent être soutenues par une politique adéquate et un environnement politique qui garantisse les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles

On a là une bonne description de la politique totalitaire d'avortement forcés en Chine communiste. D'ailleurs l'ONU soutient par son action et son argent cette politique chinoise répugnante. C'est aussi l'essentiel des arguments des pro-avortements, des arguments faux, malsains et criminels.

Cette couche de documents de l'ONU va dans le même sens que ceux émis par les agences de l'ONU comme le FNUAP, qui sont encore plus ouvertement eugénistes et pro-avortement[10]. Il n'est pas utile de citer toutes les autres occurrences de cette idéologie dans ces documents. Ils en sont truffés. Il suffit de faire des recherches sur les mots "santé" "procréation" "reproductive" ou leurs équivalents anglais pour en être convaincu.

Il ne faut pas non plus se laisser duper par l'hypocrisie de l'ONU dans ce domaine. Ainsi, le 28 septembre 2005, dans un briefing officiel devant le Comité Des Relations Internationales de la Chambre des Représentants (USA), le chef de cabinet de Kofi Anan, Mark Malloch Brown a affirmé que le terme "santé reproductive" n'incluait pas l'avortement. Cependant tous les documents détaillés de l'ONU, sa pratique sur le terrain[11] ainsi que des déclarations précédentes démontrent largement le contraire.

Autres problèmes liés aux OMD

Les Objectifs du Millénaire de Développement ne sont pas contestables seulement quand ils sont ouvertement une promotion de l'eugénisme et de l'avortement, comme c'est clairement le cas dans les OMD n° 3, 4 et 5. En voici une liste, non exhaustive :

L'OMD n°1 (éradiquer la pauvreté extrême et la faim) promeut une baisse dans la croissance de la population et des familles plus petites pour leur procurer un meilleur revenu et réduire ainsi la pauvreté. C'est de l'idéologie malthusienne contraire au Christianisme.

L'OMD n°2 (atteindre l'instruction primaire universelle) aboutit à imposer l'instruction obligatoire : or la Bible enseigne clairement que l'instruction et l'éducation ne sont pas du ressort des États mais des familles. L'invention de l'obligation d'instruction[12] a été le moyen trouvé par les anti-chrétiens du XIXème siècle (unitariens, franc-maçons, etc.) pour dépouiller les familles de cette responsabilité. En effet cette ingérence de l'État dans le domaine des familles et a pour conséquence incontournable de donner à l'État le moyen d'endoctriner les enfants au service de son idéologie ; c'est d'ailleurs l'objectif visé. Les résultats logiques en sont chaque jour de plus en plus évidents : l'illettrisme, la violence, la drogue, la promiscuité sexuelle, la promotion de l'homosexualité, l'«éducation» sexuelle par le planning (anti) familial, l'enseignement des fables évolutionnistes comme une science, la déchristianisation, la pilule abortive distribuée aux filles sans contrôle parental, les "préservatifs" aux garçons, etc. Les Chrétiens américains ont commencé à comprendre ce mécanisme et à reprendre leurs responsabilités en matière d'éducation en développant l'instruction à la maison (homeschooling) et les écoles chrétiennes.
L'ONU poursuit d'ailleurs le même objectif de dépouiller les parents de leurs prérogatives d'enseignement au travers de la "Convention des Droits de l'Enfant".
De plus on trouve dans cet OMD n°2 la promotion de la diminution  du nombre d’enfants pour un "meilleur accès à l’éducation", ce qui revient à éliminer les pauvres plutôt que la pauvreté (malthusianisme).

L'OMD n°6 (combattre le Sida, la malaria et d'autres maladies) est le prétexte de l'ONU et ses agences pour faire la promotion des contraceptifs. Outre le fait que cette approche est immorale, elle est aussi inefficace. Elle est même contre-productive. Le cas le plus évident est l'Afrique sub-saharienne où l'on a démontré que c'est justement l'action des distributeurs de "contraception" qui a provoqué l'aggravation de l'épidémie[13]. Il ne faut pas non plus oublier que c'est l'ONU qui a profité de prétendues "vaccinations" pour tester le "vaccin anti-grossesse", un nouveau type d'abortifs que l'OMS finance depuis des années. Cela illustre le danger que représente le contrôle de la médecine par des organisations étatiques ou para-étatiques, au mépris du serment d'Hippocrate et des patients.

L'OMD n°7 (assurer la durabilité environnementale) traduit la revendication des extrémistes écologistes : une population plus petite entraînerait une meilleure utilisation de l’espace et du territoire, tout en améliorant l’environnement, donc la diminution de la population permettrait une meilleure santé de la déesse Terre. Le "développement durable" est en fait un vocable à la mode destiné à promouvoir une religion de la Terre au détriment du développement économique et des populations humaines. Les thèmes concernés (réchauffement de la planète, lutte contre la pollution, eau potable, protections d'espèces sauvages, surpopulation, etc.) induisent des "solutions" étatistes totalement inappropriées, comme des taxations et des réglementations abusives, dont le but n'est que d'alimenter les budgets des organismes qui ont inventés lesdites "catastrophes". Du point de vue biblique, les problèmes de pollution relèvent du droit de propriété et les hypothèses catastrophistes émises par une bureaucratie qui en vit ne sont pas crédibles.

L'OMD n°8 (développer un partenariat mondial pour le développement) cherche à institutionnaliser le rôle inapproprié des États ainsi que des aides étrangères prélevées par des taxes, au mépris de tous les fondements bibliques.

Le programme biblique pour l'économie et le développement

Tout d'abord, le Christianisme inclut effectivement un programme complet pour le développement économique.
Ce programme est fondé sur la révélation biblique et ne doit absolument rien au socialisme ni à la philosophie dite des "Lumières". Il ne suffit pas en effet de baptiser n'importe quelle doctrine sociale pour qu'elle devienne véritablement chrétienne. Cette précision est indispensable car il y a aujourd'hui plusieurs courants prétendument chrétiens qui ne sont que des relais de propagande marxiste et qui militent pour des visions étatistes, faisant en réalité obstacle au véritable Christianisme.

Pour le monde catholique, il faudra donc remettre en cause le fréquent soutien à l'étatisme, à "l'État-providence", qui est contre-productif. Il y a par contre une manière spécifiquement chrétienne d'organiser la charité, que les saints du passé, comme St Vincent de Paul et Mère Teresa avaient compris.
Pour le monde évangélique ("fondamentaliste" comme disent les "libéraux"), il faudra remettre en cause le pluralisme philosophique qui limite les Chrétiens aux domaines cultuels et éthiques et qui refuse l'enseignement biblique sur les domaines sociaux, politiques, économiques, culturels, etc. 
Quant aux "libéraux", il leur faudra rejeter en bloc le libéralisme théologique qui leur a retiré toute saveur chrétienne.

Il y a 17 ans déjà que le mur de Berlin est tombé. Le marxisme a depuis longtemps perdu toute crédibilité, dans tous les domaines. Il va falloir reconstruire des systèmes sociaux alternatifs, et certainement plus vite que nous ne l'imaginons, car les systèmes actuels à base de socialisme sont en train de s'écrouler, ce qui est normal et inéluctable.
De nombreux penseurs et théologiens chrétiens ont travaillé ces questions avec sérieux, souvent dans la discrétion. Les nombreuses études et exégèses qu'ils ont publiées dans la seconde partie du XXème siècle sont un apport riche et nouveau, elle enseignent de manière cohérentes le point de vue biblique sur l'économie et l'histoire. Leur influence a commencé et nous devons l'étendre. Nous renvoyons vers l'étude de ce corpus important et valable[14] et nous ne donnerons ici que quelques grandes lignes caractéristiques de l'enseignement chrétien biblique en matière d'économie et de développement :

L'implication des Chrétiens dans les oeuvres de charité et d'aide au développement est indispensable. Son rôle dans la mission chrétienne est très bien expliqué par ailleurs, notamment dans le livre de George Grant, A l'ombre de l'abondance. Elle répond à un certain nombre de principes dont ceux-ci :

Conclusion : l'indépendance chrétienne

Dans les développements qui précèdent, nous avons démontré :

Maintenant que faire ? Il nous faut renouer avec ce que la Bible nous enseigne sur l'action des Chrétiens dans le monde. Le but du Défi Michée, et c'est son côté louable, est de faire re-découvrir que l'autorité de Jésus n'est pas uniquement cantonnée à l'Église et aux activités "spirituelles", mais qu'elle est universelle, qu'elle touche à tous les domaines de la vie et de la réalité. Cela doit nous amener entrer dans le plan de Dieu, à élargir notre vision, et non pas à faire de nous des courroies de transmission de l'ONU et des païens étatistes.
La révélation biblique est en effet extrêmement riche en ce qui concerne l'action des Chrétiens dans les domaines sociaux, politiques, économiques et éducatifs, même si la plupart des Chrétiens contemporains l'ont oublié : nous avons été inhibés par l'étendue et la gravité de la corruption "libérale" des Églises, rendus inactifs et désespérés par les théologies défaitistes (erronées) qui infectent aussi bien les Églises catholiques qu'évangéliques, et oublieux de la nuée de témoins victorieux qui nous ont précédés.

Il est temps de sortir de ces ornières et se remettre sérieusement au travail.


Notes

1. Nous sommes partis pour les libellés des objectifs de l'original anglais où le langage est plus direct et plus clair.

2. Rapport du Secrétaire Général des Nations Unis qui a servi de document de travail aux chefs d'États et de gouvernements en septembre 2005, intitulé "Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous" téléchargeable à partir de  http://www.un.org/french/largerfreedom/index.html

3. cf. étude de Rushdoony accessible en Français en (http://www.trdd.org/ONU_fr.htm) traduit depuis l'Anglais. Il s'agit d'un chapitre du livre "The Nature of the American System", 1965, 2002 éd. Ross House Books.

4. cf. http://www.unmillenniumproject.org/reports/french.htm

5. Le rapport complet, intitulé "Investir dans le développement - Plan pratique pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement" est téléchargeable en http://www.unmillenniumproject.org/documents/french-complete-highres.pdf (42Mo).

6. ibid. note 2 "Dans une liberté plus grande...", p. 11 art. 29.

7. en http://www.unmillenniumproject.org/documents/Gender-complete.pdf

8. en Français en http://www.unmillenniumproject.org/documents/TF3b-Gender-F.pdf

9. L'Équipe du Projet sur l'égalité des sexes était dirigée par Nancy Birdsall, fondatrice et Présidente du "Center for Global Development", Amina J. Ibrahim, Coordonnatrice nationale pour l'éducation pour tous au Ministère de l'éducation du Nigéria, et Geeta Rao Gupta, Présidente du "Centre international pour la recherche sur les femmes" (ICRW).
Nancy Birdsall est une ancienne de la Banque Mondiale et est clairement malthusienne (voir http://www.oup.co.uk/isbn/0-19-926186-5) et ses collègues du CGD sont tous des proches des mouvements eugénistes et "contrôleurs de population".
Geeta Rao Gupta, président de l'IRCW, est une féministe radicale, proche de la Banque Mondiale et de l'establishment malthusien pro-avortement.  [http://www.icrw.org/html/about/staffbios/geetaraogupta.htm] [http://www.un.org/womenwatch/feature/iwd/2003/gupta.html] [http://youthink.worldbank.org/issues/gender/guptainterview.php]
Amina J. Ibrahim est une fonctionnaire nigérienne qui participe aux travaux du PNUD (UNDP) [http://www.undp.org/french/newsroom-f/2005/prNigeria032405.html].

10. par exemple voir http://www.unfpa.org/icpd/goalbygoal.htm. Le document du FNUAP dédié aux OMD en http://www.unfpa.org/upload/lib_pub_file/212_filename_mdg-icpd-eng2.pdf montre que le FNUAP, l'agence de l'ONU qui est impliquée dans l'avortement forcé en Chine, a déjà intégré les mêmes objectifs. Confirmation en http://www.unfpa.org/publications/detail.cfm?ID=243&filterListType=1
et http://www.unfpa.org/upload/lib_pub_file/450_filename_ReducingPoverty1.pdf.

11. Dans le rapport complet en Anglais du groupe de travail sur "L'éducation et l'égalité des sexes" (cité en note 7), on définit des indicateurs permettant le suivi des « progrès ». Pour l'objectif n°3, on trouve (en page 18) :
« Droits et santé sexuels et reproductifs
- Proportion de la demande contraceptive satisfaite.
- Taux de fertilité adolescente. »

Ces indicateurs de « performance » sont détaillés en page 125 : il s'agit bien de faire avaler des pilules et de faire avorter.
Tout le chapitre 4 (p.53 à 65) est consacré à la priorité n°2 (Garantir les droits et la santé sexuels et reproductifs).
Les indicateurs de performance détaillés dans les "projets" sont déjà actuellement utilisés dans les rapports des pays listés en http://www.undp.org/mdg/countryreports.html.
Il suffit de chercher dans chacun des rapports. Exemples :
Vietnam [http://www.undg.org/documents/133-Viet_Nam_MDG_Report_-_1st_Report__English.pdf pour 2002] en page 15 :«Universal access to safe/reliable reproductive health services (contraceptive methods) by 2015»
Zambie http://www.undp.org.zm/undptest/docs/MDGRZambia%202003.pdf Sur le but 5 cible 6 en page 20 : «Challenges - Several challenges beset this goal of reducing the maternal mortality ratio by three quarters by 2015 and these include: Limited access to reproductive health services. Low quality of reproductive health care. High HIV/AIDS prevalence among women. Low levels of contraceptive use
et en page 21 : « Other measures include: family planning programmes both by Government and Non Governmental Organisations; safe motherhood programs; adolescent sexual reproductive health programs; »
Chine [http://www.undg.org/documents/3635-China_MDG_Report.pdf pour 2003] en pages 31 et 49 : «Universal access to safe/reliable reproductive health services (contraceptive methods) by 2015 / On track/ Well developed»
Philippines :[http://www.undg.org/documents/192-Philippines_MDG_Report_-_Philippine_Progress_Repor.pdf pour 2003] en page 39 « An environment for more open discussion about emerging issues such as abortion and emergency contraception will also be ensured. Likewise, clear and sufficient policies and guidelines on the provision of medical RH services for the underserved groups such as adolescents, (...)»
Tunisie [http://www.undg.org/documents/3665-Tunisia_MDG_Report.doc] en page 20 «Développée sur la base du concept de planning familial, cette politique a évolué vers le concept de santé maternelle et infantile pour s'inscrire actuellement dans une approche de santé reproductive s'articulant autour de la promotion, de la prévention et de la prise en charge de la santé spécifique des femmes, en général, et de la mère, en particulier. Dans ce cadre, il a été procédé à la généralisation de l'intégration des services de santé reproductive au sein des centres de santé de base (plus de 2000 unités).»
Page 21 «Ces acquis en matière de santé périnatale et de prévalence contraceptive n'ont pas manqué de faire baisser la mortalité maternelle et de réduire l'indice synthétique de fécondité

12. On parle souvent en France d'«obligation scolaire». A tort !  Car l'instruction y est obligatoire, pas l'école. L'instruction à la maison y est donc tout-à-fait possible et légale (cf. http://www.lesenfantsdabord.org/). D'un point de vue académique, les résultats sont meilleurs qu'à l'école publique. Du point de vue de la transmission de la foi, c'est sans comparaison : un étude récente du National Home Education Research Institute, qui a porté sur plus de 7 000 bacheliers issus du "homeschooling", a découvert que 59% d'entre eux "approuvaient fortement", et que  35% "approuvaient" la phrase suivante : "mes croyances religieuses sont essentiellement les mêmes que celles de mes parents." C'est à mettre en relation avec une autre étude faite pour le compte de l'église Baptiste du Sud qui a été discutée dans la Pesse Baptiste ; cette étude trouvait que 88% des enfants de Baptistes du Sud quittaient l'église vers l'age de 18 ans pour ne plus jamais y retourner. Même si ce chiffre de 88% est surévalué, on admet généralement que beaucoup d'enfants de parents religieux ne gardent pas leur foi une fois devenus adultes. Dans le cas des Baptistes du Sud chez lesquels 85% des enfants fréquentent l'école publique, on peut en déduire que de nombreux enfants y ont abandonné la foi de leurs parents. "L'avenir de notre pays est lié au processus éducatif. Par le processus de retrait des enfants par leurs parents de l'école publique pour les instruire à la maison ou dans des écoles chrétiennes, nous avons une arme efficace pour empêcher l'endoctrinement de nos enfants dans la vision du monde séculaire du système" a déclaré Michael Farris, l'un des fondateurs de l'association de défense juridique de l'instruction à la maison (HSLDA). Le droit d'instruire ses propres enfants est en effet contesté par des groupes d'intérêts puissants, comme les syndicats d'enseignants du public et il y a une lutte constante contre les tentatives de contrôle des États. Il y a aujourd'hui aux USA plus de 2 millions d'enfants qui sont instruits à la maison et ce nombre croît d'année en année.

13. cf. l'article en http://www.trdd.org/BU0401DF.HTM qui donne une synthèse de cette affaire fondée sur des observations incontestables (http://www.cirp.org/library/disease/HIV/gisselquist1/gisselquist1.pdf).

14. Voici une liste non exhaustive de livres qui visent à redonner aux Chrétiens une vision correcte de l'enseignement biblique sur l'économie, le développement et la charité. Ils représentent un travail de fond considérable et extrêmement bien documenté. Certains d'entre eux existent même sous forme de livres téléchargeables gratuitement sur Internet.
In The Shadow of Plenty, George Grant, (Christian Liberty Press, Arlington Heights, Illinois, édition révisée 2002), c'est une bonne synthèse très pédagogique. Une version française est en préparation.
Inherit the Earth: Biblical Principles for Economics, Gary North, (Fort Worth, Texas: Dominion Press, 1987).
The Institutes of Biblical Law, R. J. Rushdoony, (The Craig Press, 1973).
Idols for Destruction: The Conflict of Christian Faith and American Culture, Herbert Sehlossberg, (Nashville, Tennessee: Thomas Nelson Publishers, 1983).
That You May Prosper: Dominion by Covenant, Ray Sutton, (Fort Worth, Texas, Dominion Press, 1986).
Productive Christians in an Age of Guilt-Manipulators, David Chilton, (Tyler, Texas: Institute for Christian Economics, 1981; 3ème édition, 1985), c'est une réfutation complète et sérieuse de la théologie de la libération de Ronald Sider.

15. La Loi de Dieu est écrite dans la Bible, mais cela ne peut être compris qu'en précisant un certain nombre de points méthodologiques, eux-mêmes expliqués dans la Bible : l'obligation d'obéir aux commandements de l'Ancien Testament persiste sauf si le Nouveau Testament indique le contraire. Il y a une continuité entre le Nouveau et l'Ancien Testament. Les changements (réels et quelquefois radicaux) qui sont intervenus entre ces deux Alliances proviennent de plusieurs causes : certains commandements étaient applicables de manière précise sur un lieu et pour un temps (p. exemple la conquête de la Palestine par les armes) ; certains détails culturels et administratifs doivent être compris sur le plan des principes pour pouvoir les appliquer dans le contexte de la technique contemporaine (p. exemple sur la sécurité des personnes) ; certaines lois étaient des "types" annonçant ou préparant la venue de Jésus-Christ (p. exemple les sacrifices, le jubilé, le droit juif en Palestine, le sabbat, etc.) Cela n'est ni simple ni simpliste et l'étude de la Loi de Dieu n'est pas une chose triviale. Ceux qui la critiquent ne la connaissent généralement pas. Elle est cependant infiniment plus logique et cohérente que le "droit" français. On peut en trouver une bonne approche dans les ouvrages suivants : By This Standard - The Authority Of God's Law Today, G. Bahnsen,  1991 ; No Other Standard - Theonomy and Its CriticsG. Bahnsen,  1991 ; The Institutes of Biblical Law, R.J. Rushdoony, 1973.