Éditorial

Il y a deux manières de comprendre la réalité contemporaine : une manière défaitiste et une manière ancrée dans la victoire. Devant la constatation du triste état des sociétés occidentales, dont la France fera encore partie pour quelques décennies,  il y aurait moyen de désespérer :

• tous les hommes politiques des grands partis au pouvoir depuis un demi siècle sont pro-avortement et pro-révolution sexuelle, y-compris le très médiatique Sarkozy qui vient de réaffirmer son absence de conviction chrétienne en approuvant la politique abortiste et en soutenant le lobby homosexuel,
• les Églises peinent à faire entendre un message cohérent car elles ne se sont pas encore relevées des influences néfastes qu’elles ont subi au XXème siècle : le communisme avec la théologie dite "de la libération", l’évolutionnisme avec les hérésies à la Teilhard de Chardin, le "modernisme" ou libéralisme qui renie l’ensemble de la foi,
• la très mauvaise transmission de la foi chrétienne aux jeunes, et donc la sécularisation croissante de la société,
• la mise en place de lois iniques qui méprisent la vie humaine innocente tout en sacralisant le crime : la peine de mort est maintenant réservée aux innocents.

Mais il est aussi évident que nous sommes à la fin d’une époque, que Dieu intervient de manière victorieuse, et c’est un sujet de réjouissance :

• les politiques sont impuissants et perdent toute crédibilité ; c’est heureux car ils ont pris l’habitude de s’ingérer en tout ; cette idolâtrie de l’État doit cesser,
• les idéologues anti-chrétiens, malgré leur arrogance, ont sombré dans le doute : leur "libéralisme" les a menés au néant et leurs lendemains chantent faux ; c’est le post-modernisme,
• les lois iniques finiront par se retourner contre leurs promoteurs,
• par contre les Églises qui renouent avec l’orthodoxie retrouvent le renouveau, la croissance et l’espérance,
• les familles qui refusent la corruption de leurs enfants par les programmes et le personnel de l’instruction étatisée réussissent à bien transmettre leur foi.

L'un des attributs principaux de l'Organisation des Nations Unies, dont l'activité consiste à promouvoir le socialisme et l'eugénisme.

Aussi la lutte pour la défense de la vie humaine innocente ne doit pas se limiter à la répétition des thèmes et des slogans des années 1970. Il nous faut creuser plus loin et prendre le mal à la racine ; ce numéro de Droit à la Vie tente d’y contribuer en se concentrant sur deux idées forces qui permettent d’avancer :

• on ne peut pas séparer l’avortement de la contraception. Un sondage récent^[1] montrait que 90% des catholiques et 88% des évangéliques américains étaient en faveur de la contraception (à comparer à la moyenne de 93%). Cela suffit à expliquer la légalisation de l’avortement qui en est la conséquence obligatoire, là-bas comme ici. Ce sondage montre en outre que ces chiffres sont en diminution chez les jeunes. Cela et la contestation de plus en plus ouverte de la contraception, au motif qu’elle est abortive, inquiète l’establishment, et c’est un bon signe (cf. New York Times, 7 mai 2006, Contra-Contraception de Russel Shorto.) Plusieurs de nos articles aborderont donc cette question, notamment celui de Mgr Aguer, archevêque de La Plata (Argentine).
• il faut en terminer avec les théologies dites "libérales" et avec la théologie dite "de la libération" ; cela implique de re-penser la manière de construire l’avenir : les revendications visant à étendre l’emprise de l’État-providence ou de l’ONU, même en faveur d’actions sociales à visées pro-vie, sont contre-productives, parce que le socialisme et ses méthodes (que ces théologies soutendent) sont intrinsèquement pro-avortement. Ainsi le socialisme "chrétien" (que ce soit celui de Christine Boutin ou celui de Ronald Sider ou Jim Wallis) reposent sur des contradictions internes et ne sont pas compatibles avec le véritable Christianisme, car ce dernier a des objectifs et des méthodes spécifiques qu’il importe de re-découvrir et de mettre en pratique.

Ces deux idées sont liées et leur application permettra de déblayer le terrain pour la reconstruction d’un monde où le christianisme sera prédominant. Cette reconstruction ne sera pas dirigée d’en-haut de manière bureaucratique mais c’est la responsabilité de chacun devant Dieu.

Thierry LEFEVRE

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